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Les Etats généraux de l’information troublés par des initiatives dissidentes

« Si on voulait avoir la plus grande affluence possible, il aurait été plus pratique de le faire, comme à l’accoutumée, à Paris, ou dans une grande métropole régionale, dans la France du TGV… » Christophe Deloire rêvait d’une mobilisation populaire autour des Etats généraux de l’information (EGI), l’événement destiné à renforcer la confiance des citoyens dans leur information, lancé début octobre. Le délégué général des EGI, également secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), aurait préféré réunir plus qu’une petite centaine de personnes dont une classe de lycéens, quelques retraités et des journalistes pour sa première « agora », mercredi 29 novembre à Auxerre (Yonne). Car c’est fort de la légitimité acquise au gré de dizaines de débats et de groupes de travail, auxquels les Français sont invités à participer, que l’opération doit déboucher, en juin 2024, sur des propositions « de nature législative, réglementaire, budgétaire, fiscale et autres », comme il aime le rappeler.
Il s’en est fallu de peu que M. Deloire ne défende devant un public plus large, le lendemain, l’ambitieux chantier qui lui a été confié par le président de la République. Entre 600 et 700 personnes (1 200 avec ceux qui se trouvaient à distance) avaient répondu à l’appel d’une centaine de médias indépendants, organisations syndicales et collectifs (Informer n’est pas un délit, Profession : pigiste, l’Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s, etc.), jeudi 30 novembre, réunis à l’occasion d’EGI parallèles organisés par le Fonds pour une presse libre (FPL). « Libérons l’info des pouvoirs politiques, des médias de la haine et des milliardaires », promettait l’affiche de l’événement.
Initialement invité à s’exprimer sur la scène de l’Espace Reuilly dans le 12e arrondissement de Paris, Christophe Deloire a vu sa prise de parole annulée avant le début de la soirée. « Faute de temps », mais pas seulement : pour François Bonnet, le président du FPL, les « Etats généraux officiels », ou « Etats généraux de Macron », c’est « le pouvoir qui prétend réformer son contre-pouvoir » – soit un non-sens –, a-t-il déclaré sur scène.
Défié par les médias indépendants (Mediapart, La Déferlante, Splann !, StreetPress, Marsactu, AuPoste, Politis, Reporterre, Médiacités, etc.) d’un côté, le chef d’orchestre des EGI l’est aussi par la figure de CNews Christine Kelly. « On veut nous faire taire », se plaignait, le 11 novembre à la Salle Gaveau, à Paris, la présentatrice qui avait convié le directeur de la rédaction du Journal du dimanche, Geoffroy Lejeune, l’essayiste ultraconservateur Mathieu Bock-Côté ou encore l’éditorialiste de BFM-TV Christophe Barbier à sa conférence payante. Comme elle, les deux cents membres de l’assemblée étaient convaincus que « ceux qui font du journalisme [entendre : les médias du groupe de Vincent Bolloré] sont accusés de faire des fake news ». Les autres seraient « de gauche », selon la plaisanterie récurrente de la soirée.
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